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Aborder H.P. Lovecraft

Dernière mise à jour : 26 oct. 2022


Si je n'ai aucun mal aujourd'hui à évoquer l'intérêt de Lovecraft, il en aura fallu du temps pour prendre du plaisir à sa lecture. Phrases à rallonge, style ampoulé, la découverte de la nouvelle Dans l'abime du temps , interrompue à 2 reprises, ne m'avait pas fait sauter au plafond. J'avais même conclu mes notes par un "Ce n'est pas pour moi !" convaincu qui démontre bien qu'il est possible de changer d'avis...


Bien sûr, certaines observations restent valables : l'écriture est parfois très datée, cela se ressent surtout dans les récits à la première personne. Nous voici alors témoins forcés des lourds questionnements du narrateur ("Oh mais qu'ai-je vu, suis-je fou ou est-ce la réalité ?") propres à la définition même du fantastique. Les descriptions manquent parfois de simplicité, nourries par l'accumulation de données architecturales, et compter le nombre d'occurrences du mot "cyclopéen(ne)s "relève du défi !


Mais finalement, me voilà fidèle lectrice de Lovecraft et de ses "amis". Les nombreux jeux autour de l'univers d'Arkham me poussaient, par curiosité, à dépasser mes premières impressions. Il a suffi de quelques textes pour faire pencher ma balance.


Voici donc, à titre personnel, un top 5 des récits pour passer de "ouais bof je sais pas" à "ouais finalement quand même". Je resterai sur les récits "officiels", assumés ; Il existe un grand nombre de "révisions", textes auxquels a participé de façon plus ou moins importante HPL, signés par d'autres (tels Houdini !), mais je n'en parlerai pas ici.


  • The shadow over Innsmouth ( Le cauchemar d'Innsmouth )

"La nouvelle qui me fit basculer". Bien placée dans ma version intégrale, elle faisait suite à certains textes. plus courts qui ne m'avaient pas emballée. Et là, de la tension, du mystère. du stress parfois. Cet aspect de l' univers de Lovecraft sera régulièrement repris, et la ville portuaire est évoquée dans plusieurs récits. De mon côté, je suis arrivée à Innsmouth en toute innocence, sans soupçonner la nature de son "cauchemar", et je suis convaincue que c'est une bonne façon de profiter de cette nouvelle.

  • At the Mountains of Madness ( Les Montagnes Hallucinées )

L'un des plus célèbres récits de Lovecraft. Je ne suis pas une adepte de l'expédition scientifique, d'autant que l'écriture reste vieillie, le discours de plaidoirie du narrateur alourdissant l'ensemble. Mais malgré cela, quelles recher­ches l'auteur a-t-il dû faire pour atteindre ce réalisme ! On s'y croirait, tant dans la découverte de l'Antarctique que dans la réflexion géologique des chercheurs. Le texte a largement inspiré Carpenter pour The Thing, et le narrateur a (curieusement) très vite ressemblé à Kurt Russel dans mon esprit.


Sans être le meilleur texte de Lovecraft, on trouve dans les Montagnes Hallucinées les ingrédients de sa recette préférée. Alors, pour connaître le maître, le détour dans les montagnes semble indispensable.

  • The Call of Cthulhu ( L'appel de Cthulhu )

Qui dit Lovecraft dit Cthulhu ! Et cette nouvelle est celle qui présente le mieux ce mythe qui inspirera largement d'autres auteurs. Lovecraft a des thèmes chers, et ses divinités anciennes font bien sûr partie de son décor ; mais l'intérêt de cette nouvelle est doublé par l'importance que HPL donne au rêve. Cette dimension onirique prendra de l'ampleur à travers d'autres récits.

  • The Case of Charles Dexter Ward ( L'affaire Charles Dexter Ward)

Ce roman aborde différents thèmes chers à Lovecraft, l'imprégnation de l'architecture, l'héritage occulte, la soif de connaissance qui prend le pas sur la raison... Le style y est moins vieillot, et l'histoire bien construite. Grâce à la longueur du texte, un peu plus importante, Charles Dexter Ward et les mystères qui l'entourent se dévoilent au lecteur en douceur dans les rues de l'intrigante Arkham.


  • The colour Out of Space ( La couleur tombée du ciel )

Pour moi, cette nouvelle a une force mélancolique qui fait découvrir une autre facette de Lovecraft. Toujours ce contexte horrifique et ces réalités inimaginables devant lesquelles lecteur et narrateur sont impuissants, mais cette fois, par une narration tout en nuances, l'impression qui demeure est une nostalgie, une tristesse, face aux limites de l'Homme quand il est confronté aux multiples forces d'un univers trop grand pour lui. L'écriture est élégante, le style plus léger. Pour connaître Lovecraft et "l'horreur cosmique" qui le définit (cosmicisme), ne vous laissez pas avoir par le titre un peu nanardesque, la Couleur tombée du ciel est un texte à lire.



Pour aller plus loin : guettez les marque-pages, articles courts de la salle de lecture !

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